Mais où c’est le Spitzberg ?
Le Spitzberg est une île située dans l’océan glacial Arctique faisant partie de l’archipel Norvégienne du Svalbard. Elle est située entre 74° et le 81° de latitude nord. Au dessus de ça c’est la banquise. Le pôle nord n’est plus qu’à 1200 kms et avec le nord du Groenland et le nord du Canada ce sont les dernières terres avant le grand saut.
Pour se faire une idée on peux dire que l’Islande déjà bien nord est au Spitzberg ce que Casablanca est à Paris … En été la température oscille entre -2°C et +5°C. En hiver le thermomètre se balade entre -5°C à -40°C. L’archipel offre toutes les facettes de l’Arctique. Nous sommes ici au pays de l’ours blanc, du renard argenté dit renard arctique mais aussi des phoques, des bélougas et de centaines d’espèces d’oiseaux. Ici la nature reprend ses droits. On se fait petit devant la majesté des glaciers, on écoute le silence des montagnes majestueuses.
Ville (!) et village (!) au Spitzberg :
L’endroit habité le plus magique est sans conteste le minuscule village scientifique de Ny-Ålesund avec ses 150 habitants l’été et ses 20 ou 30 habitants l’hiver. Ny-Ålesund est le village le plus nord du monde, avec sa poste la plus nord du monde et son minuscule « North Pole Hotel » … C’est l’endroit duquel sont partis Roald Amundsen et le capitaine Umberto Nobile à bord de leur dirigeable « Norge » pour effectuer le premier survol alors jamais effectué du pôle nord.
Les autres lieux habités sont :
Longyearbean ( 1600 habitants ) qui est le centre administratif de l’archipel et possède trois écoles primaires ( les plus nord du monde de fait !).
Barentsburg (400 habitants) qui est une cité minière russe exploitant un gisement de charbon et dont les conditions de vie sont extrêmement précaires ( beaucoup ne peuvent plus rentrer chez eux faute de moyens)
Pyramiden ( 7 habitants), ancienne cité minière qui aujourd’hui est composée d’une poignée de personnes qui gardent le lieu et qui peut être associée aux trois autres villes fantômes de l’île : Grumantbyen, Advent City et Colesbukta.
Enfin l’autre île habitée est « l’île aux Ours » (Bjønøya), située beaucoup plus sud, à mi-chemin entre Spitzberg et le nord de la Norvège. L’île ne compte que quelques scientifiques qui surveillent entre autre la pollution mineure des eaux mais cependant bien présente venant d’une part du sous marin russe nucléaire « Komsomolets » coulé à 100 milles de là (180km environ) et de l’exploitation d’un gisement de gaz et de pétrole au nord de la Norvège, Snøhvit.
Un peu d’histoire :
Les précurseurs : du 12ième au 16ième siècle, l’archipel a été découvert de façon sûre en 1596 par l’explorateur Williem Barentsz. Il baptise alors l’île Spitsberg (orthographe scandinave) qui veut dire montagne pointue en raison de la géographie particulièrement majestueuse des pics qui composent l’archipel. Il se peut que des vikings partant d’Island ou des Pomor Russes aient découvert ces terres quelques siècles plus tôt mais aucune preuve archéologique forte ne permet de l’affirmer aujourd’hui. A noter qu’il n’y avait pas d’inuit. La position du Spitzberg profitant des courants d’eaux chaudes du Gulf Stream fait que malgré une position extrêmement nord les côtes ne sont pas en permanence reliées par la banquise au Groenland, terre inuit. L’absence de boeufs musqués et de caribous peut être une autre explication.
L’illustration parfaite de l’étymologie de Spitzberg : « Montagnes Pointues »
La chasse à la baleine. Du 17ième au 19ième siècle, le Spitzberg est marqué par l’époque de la chasse à la baleine et de du morse. Chaque été entre 1000 et 2000 baleines étaient tuées. Pour comprendre ce massacre il faut se replacer dans le contexte de l’époque : il n’y avait pas encore de pétrole et l’huile servait à alimenter l’éclairage urbain des capitales en plein essor à l’époque. On l’utilisait également comme ingrédient pour fabriquer les savons, des parfums. Les fanons des baleines très proches de nos plastiques contemporains servaient d’armature pour les corsets, les ombrelles, les parapluies, les éventails. La graisse servait dans les machines ou bien dans l’imprégnation des tissus. La peau donnait un cuir très épais. Les Basques étaient reconnus comme étant parmi les meilleurs baleiniers. La fameuse « Baie de la Madeleine » doit son nom à leur culte pour Sainte Marie-Madeleine. On retrouve encore des vestiges de ce passé sanglant sur des sites archéologiques de la baie. Aujourd’hui la Norvège fait partie des pays qui continuent de chasser la baleine malgré les risques d’extinctions des espèces et de nombreux touristes continuent d’acheter de la viande de baleine pour dire « qu’ils ont goûté ».
vidéo de la Baie de la Madeleine
Les Chasseurs et les trappeurs. Du 18ième au 20ième siècle le Sptizberg est une terre chérie pour les chasseurs et les trappeurs. Ils y trouvaient une faune importante pour répondre aux fortes demande de fourrure, en particulier destinées à la Russie. Naturellement ce fut donc les Russes qui vinrent les premiers ( les Pomores), piégeant les renards, les ours blancs, les rennes et les phoques pour leurs fourrures et chassant en parallèle des baleiniers les morses pour l’ivoire. Le bois flotté leur permettait de construire des huttes. Vers 1820 ils se retirent pour d’autres territoires et laissent place aux Norvégiens. Les tentatives d’hivernage commencent à la fin du 18ième siècle et s’intensifient pour arriver jusqu’à 1000 hivernages en 1941. La population de trappeur était alors composée de 6% de femmes. On pouvait tuer jusqu’à 3000 ours par an. Le plus célèbre trappeur fut certainement Hilmas Noïs qui passa 50 ans au Spitzberg.
Explorations scientifiques et conquêtes du pôle nord. La période s’étend du 18ième siècle au 20ième siècle. On peut distinguer trois types d’explorations :
l’exploration de l’archipel, sa cartographie côtière et intérieure,
la recherche de minerais et de ressources naturelles
les conquêtes vers le pôle nord et le passage Nord-Est. C’est une des parties de l’histoire du Spitzberg qui a le plus éveillé ma curiosité, en particulier les toutes premières tentatives de conquêtes du Pôle Nord à l’aide de ballons et de dirigeables.
La faune au Spitzberg :
- 3 espèces seulement de mammifères terrestres : l’ours blanc, le renard arctique et le renne
- 164 espèces d’oiseaux
- 1 moustique qui ne pique pas ( contrairement aux zones arctiques du nord de la Sibérie qui sont infestées de moustiques )
- 2 espèces de papillons
- 1 seule espèce de poisson d’eau douce : l’Omble Chevalier
=> SUIVEZ CE LIEN POUR ACCÉDER À LA PAGE SUR LA FAUNE ET VOIR DES OURS ET DES RENARDS EN VIDÉO
Quelques conseils de lectures et un clin d’œil :
Un clin d’œil d’abord puisque la première fois que j’ai lu le mot Spitzberg et que j’ai vu des photos de cet endroit c’est en parcourant la bibliothèque de bord dans laquelle il y avait l’ouvrage du périple de Jérôme Poncez et Gérard Janichon sur leur Damien, premier petit voilier (12m) à aller se frotter avec les glaces du Spitzberg.
lien vers Amazone : « Damien autour du monde, 55 000 milles de défis aux océans«
La vision de ce petit voilier au mouillage dans la Baie de la Madeleine m’a fait penser à eux et à leur découverte solitaire de cet endroit reculé du monde.
Ci dessous une interview de Jérôme Poncez et Gérard Janichon sur leur périple dans laquelle ils évoquent le Spitzberg, première étape de leur tour du monde de 5 ans.
Retour sur … Le Voyage de Damien – crédit : Sailingnews
Une seconde vidéo de Jérôme Poncet et Gérard Janichon dans les mers du sud cette fois avec la caméra que leur avait prêté Bernard Moitessier.
Des liens pour des idées de lecture :
en français
en anglais :
en dvd :
Un extrait :
Commentaires
7 Responses to “A la découverte du Spitzberg”
Super ! J’attends avec intérêt la suite… 🙂 ACM
Merci Alain ! Bientôt Ny-Alesund … !
Superbe présentation !!
merci merci 🙂
Bravo! Très belles premières photos!
Merci Daniel ! Tu devrais recevoir un email d’ici peu 😉
Effectivement la musique se marie à merveille avec ces paysages. Ca me donne des idées. Merci pour ce beau « reportage » dans le grand nord.