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Le tombeau de Pomare V

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Situation et architecture

Situé sur la pointe Outuaiai, ce tombeau fût à l’origine bâti pour la reine Pomaré deux ans après sa mort. Le bâtiment est de forme pyramidale tronqué sur le haut et fait penser à un phare.

Pour si rendre dirigez vous vers la route est. La petite route qui mène est indiquée par un panneau marron de site historique que vous ne pouvez voir qu’en venant dans l’autre sens. Si vous apercevez la mer sur votre gauche c’est que vous êtes allez un rond point trop loin. La bifurcation est aux environs de PK 4,7.

Itinéraire pour aller au tombeau de Pomare V en venant de Papeete.

Un détail intéressant : la couronne de corail

Approchons nous un peu plus : construit avec du corail et du ciment, l’édifice est imposant. Certains le trouvent grossier ( entre autre Gauguin cf plus loin ) mais personnellement il y a des subtilités intéressantes. Il est assez rare en effet de voir une construction de moellons de coraux. Autre point intéressant : les maçons ont pris soin de choisir pour la partie haute de l’édifice des patates de corail dentelées qui donnent une forme de couronne sur sa ceinture haute, pour rappeler bien sûr le coté royal de ce tombeau.


Aujourd’hui l’édifice est un peu sali par les poussières du temps tout comme le sont les pierres des cathédrales. Mais lors de sa construction on peut imaginer qu’il avait une certaine élégance avec la blancheur du corail, relevé des motifs rouge de la famille royal, tout ceci au sein d’un écrin de verdure. En regardant bien, la couronne supérieure mieux préservée nous donne une bonne information sur la blancheur que pouvait avoir le bâtiment à l’origine.

Histoire

Achevé en 1879, cette sépulture se trouve sur le site de l’êglise qu’avait fit construire le roi Pomaré II. Pomaré II de retour d’un exil de Moorea se converti au christianisme et fit construire une église de 200m ce qui était colossal pour l’époque. Le bâtiment mal construit dut être remplacé en 1821 par un bâtiment plus solide, de nouveau remplacé plus tard encore par une chapelle.

 

La Reine Pomare IV

 

La reine Pomaré qui régna un demi-siècle eu ce tombeau mais son fils Pomaré V ( 1839 – 1891 ) peu scrupuleux fît déplacer ses cendres pour se réserver ce tombeau ou il se fît enterrer en 1891. Son enterrement et son goût immodéré pour l’alcool sont relatés dans l’ouvrage de Paul Gauguin « Noa-Noa ». Les avis sont donc partagé sur l’intérêt architectural de ce monument.

Le roi Pomare V

En effet Gauguin ne s’est guère attardé apparemment sur les quelques subtilités architecturales de la construction en corail : sitôt le descriptif de l’enterrement passé il replonge dans un descriptif névrosé de la Vahiné.

Couverture d’une des premières éditions de Noa Noa de paul Gauguin

Extrait de Paul Gauguin « Noa-Noa » :  » En ce temps-là le roi Pomaré était mortellement malade et chaque jour on s’attendait à la catastrophe. Peu à peu la ville prenait un aspect singulier. Tout ce qui venait d’Europe, commerçants, fonctionnaires, officiers et soldats continuait à rire et à chanter dans les rues, tandis que les naturels, avec des airs graves, s’entretenaient à voix basse autour du palais. Dans la rade, un mouvement anormal de voiles orange sur la mer bleue que traversaient à de brusques et fréquentes reprises sous le soleil les frissons argentés de la ligne des récifs. C’étaient les habitants des îles voisines, qui de jour en jour accouraient pour assister aux derniers moments de leur roi – à la prise de possession définitive de leur empire par la France. Des signes d’en haut les avaient avertis. Car, chaque fois qu’un roi meurt, les montagnes ont des plaques sombres sur certains versants au coucher du soleil. (…) 

(…) Tous les Tahitiens se vêtirent de noir et deux jours durant on chanta les Himene de deuil, des chants de mort. J’ai cru en- tendre la sonate Pathétique.

Vint le jour de l’enterrement. À six heures du matin on partit du palais. La troupe et les autorités, habits noirs, casques blancs, et les naturels dans leurs vêtements funèbres. Tous les districts marchaient en ordre, et le chef de chacun d’eux portait le pavillon français. Cela faisait une profonde masse noire. Au district d’Arue on s’arrêta. Là se dressait un monument indescriptible qui faisait avec l’atmosphère et le décor végétal le plus terrible contraste : amas informe de pierres de corail reliées par du ciment. Le nègre Lacascade fit un discours, cliché connu qu’un interprète traduisit ensuite pour l’assistance maorie. Puis, le pasteur protestant fit un prêche. Enfin, Tati, frère de la reine, répondit. Et ce fut tout : on partit, les fonctionnaires s’entassaient dans les carrioles… cela rappelait quelque retour des courses.

Extrait de « Noa Noa » de Paul Gauguin

Sur la route, à la débandade, l’indifférence des Français donnant le ton, tout ce peuple, si grave depuis quelques jours, recommençait à rire. Les vahinés reprenaient le bras de leur tane, dodelinant des fesses tandis que leurs larges pieds nus foulaient lourdement la poussière du chemin. Près de la rivière de la Fautaua, éparpillement général. De place en place, cachées entre les cailloux, les femmes s’accroupissaient dans l’eau, leurs jupes soulevées jusqu’à la ceinture, rafraîchissaient leurs hanches et leurs jambes irritées par la marche et la chaleur. Ainsi purifiées, elles reprenaient le chemin de Papeete, la poitrine en avant, les deux coquillages qui terminent le sein pointant sous la mousseline de la robe avec la souplesse et la grâce de jeunes bêtes bien portantes. Un parfum mélangé, animal et végétal, émanait d’elles, parfum de leur sang et parfum des fleurs de gardénia – tiaré – qu’elles portaient dans leurs cheveux. I teie nei e mea rahi no’ano’a (maintenant très odorant), disaient-elles.« 

Le site et la plage

La pointe de Outuaiai est très fréquentée par les locaux le week end. Il y règne une bonne ambiance, c’est très familiale. À coté du tombeau se trouve actuellement un grand parking, un temple protestant ( Temple te Fitia ) , en maison paroissiale et de grandes pelouses. La mer est plus propre, donnant sur le grand large. C’est une plage de sable noir bordée de patates de corail et de dalles de rochers volcaniques. Lors de fortes pluies la plage se retrouve parsemée de troncs d’arbres depuis lesquels les enfants jouent les funambules  pour aller pêcher à leur extrémité.

Où et la reine, où est le roi ?

Le très bon site Tahiti Héritage nous apprend une énième péripétie autour de ce tombeau.

« A la mort de celle-ci (la reine), le 17 septembre 1877, son corps a effectivement été inhumé dans ce tombeau de Arue. Mais dix ans plus tard, son corps sera exhumé et placé dans le cimetière royal des Pomare auprès des corps des rois Pomare 1er , Pomare II, Pomare III . »

A vous de vous plonger à votre tour dans l’histoire royale en venant vous balader ici !


Carte interactive de la zone

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