La plongée sur l’épave de la goélette Orohena :

L’Orohena est sur le même site que le Catalina par 20m / 25m de fond. Les clubs de plongée ont accroché une bouée aux deux épaves et les plongées démarrent soit du Catalina soit de la goélette. Pour les débutants, une autre option se présente : les moniteurs vous feront descendre progressivement sur une plateau sablonneux dans 5 m d’eau, puis suivant votre aisance vous amèneront en douceur sur les 10m pour survoler les épaves.

Construite majoritairement en bois, l’épave c’est dégradée laissant apparaitre sa structure. La forme générale de la coque est restée intacte, inclinée sur tribord, lui conférant une présence digne de l’image d’Epinal que l’on peut se faire d’une épave. L’arrière est affaissée et l’exploration autour de l’énorme hélice et du safran est un régal. C’est par là que vous arriverez si vous démarrer votre plongée depuis le Catalina. On distingue bien la mèche de safran, les paliers de safran et le palonnier de commande de barre. Une colonie de poissons sergent major à queue de ciseaux, appelé aussi poisson-bagnard se baladent autour de tout cela.
En avançant on passe devant une ancienne porte qui devait être une sortie pour aller sur la plage arrière. Les super-structures étant affaissée il y a un capharnaüm de câbles, de tôles et d’objet divers qui seront prétextes à d’autre plongées plus exploratoires afin de remonter dans sa tête le puzzle et le temps. Nous continuons vers l’étrave et débouchons sur la grande cale qui a du voir passer en son temps du copra, de la vanille et du ravitaillement pour les îles. Là aussi le pont c’est affaissé et le fond de la cale et jonché d’objets et d’accastillages divers. Le volume de la cale est impressionnant et  la coque rongée par le temps fait apparaitre en dentelle sa structure qui suivant l’heure à laquelle vous plongerez jouera avec le bleu et les contres jours du soleil. Grosse ambiance.

Les paramètres de la plongée de ce récit, une plongée zen en eau chaude.

Enfin l’étrave qui se dresse dans le bleu. Malgré la faible profondeur ( 20m / 25m ) on voit bien que l’on n’aura pas le temps de tout faire en une plongée. L’envie de s’éloigner un peu de l’étrave pour avoir une vision générale se fera certainement sentir mais si vous vous êtes attardé sur le Catalina à l’aller vous risquez déjà d’être au delà de la mi plongée … Le retour peut se faire en longeant le flanc bord bâbord truffé de perches à bordures jaunes pour arriver de nouveau à l’hélice et à son arbre d’hélice massif, mieux visible de ce coté.

L’histoire de la goélette Orohena :

L’Orohena est une goélette en bois de 45m de long et 532 tonneaux, équipée d’un moteur Fairbanks de 875 cv. Construite en 1944, l’Orohena assura plusieurs missions dans les îles et à l’étranger jusqu’à être déclarée inapte à la navigation. Elle fût dynamitée le 23 novembre 1977 sur un fond de 20 à 25m ( source Tahiti Heritage ).

Extrait d’une scène de vie :

« Un des boulots les plus pénibles, était le déchargement de ciment de la goélette Orohena. L’ouverture de la cale étant trop petite pour les palettes (?), nous devions mettre les sacs de ciment dans un filet. Une fois le filet rempli, celui-ci était transbordé par le palan du bateau vers une péniche de débarquement. Il faut savoir que cela se passait au milieu du lagon faute de quai. Au bout d’une heure, nous étions couverts de ciment qui collait à la peau avec la sueur » source N.L. Taram

Les goélettes Polynésienne :

Le va’a taurua, pirogue double à voile avait bien avant les goélettes la fonction de cabotage inter-îles. L’influence extérieure et des techniques plus moderne de charpenterie amenèrent les polynésiens les embarcations traditionnelles vers ce type de navire. Ainsi, la première goélette dont nous avons une trace et construite en Polynésie  fut en 1789 par les révoltés du Bounty.

À la fin du 19e siècle la Polynésie importa des goélettes de Californie. L’étude de ces goélettes permit à partir de là d’en construire localement. Le  ati, toutohonu et le purau étaient les bois utilisés pour la construction. Les charpentiers marine appréciaient particulièrement le purau par la courbure de ses troncs, facilitant les arrondis en particulier pour les membrures. Doté d’une bonne résistance en milieu marin et facile à travailler, on retrouvait le purau dans la fabrication de pagaies et de pirogues. Son écorce rentrait dans la fabrication du gréement courant pour les pirogues à voile. Le kauri de Nouvelle-Zélande, une espèce de pin était apprécié pour confectionner les bordés.

Entièrement à voile au début, les goélettes furent équipées de moteur de propulsion auxiliaire après les années quarante puis en source principal. Le nom de goélette donné à ces navires de fret est resté malgré le faites que les dernières sont des navires à moteur, sans voile.

Le spécialiste de l’histoire des goélettes en Polynésie est Tavana Michel Buillard.

Navires Orohéna à Tahiti :

Deux ou trois goélettes portant le nom d’Orohéna peuvent être recensés à Tahiti.

Fin XIXième

Un navire de guerre français porte ce nom, on le retrouve dans un passage du roman « Le Sergent Simplet à travers les Colonies Françaises « , 1895 de Paul Deleutre alias Paul d’Ivoi.

Le Sergent Simplet à travers les Colonies Françaises, édition de 1895.

Extrait :  » Fatigués de leur inutile recherche, découragés en voyant les obstacles s’amonceler devant eux, ils gagnèrent la cale de Fare-Ute, poussés par ‘ultime espoir que la réparation du Fortune serait rapidement conduite. Hélas ! Une nouvelle désillusion les attendait ! On venait de radouber un bateau anglais qui prenait la mer le lendemain, mais la cale était occupée par la goëlette Orohéna, attachée à la station navale de Tahiti (…). »

Il est dans la liste des navires armés au 23 juin 1888, dans la marine Française au XIXe siècle en tant que goélette. On recense Jean Joseph Alfred Cornut-Gentille (1839 – 1918), commandant le 25 juin 1878, de la goélette « OROHÉNA », station de Tahiti. Puis Joseph François Gabriel Giraud (1844 – 1890), commandant le 17 novembre 1884 et au 1er janvier 1886.

Timbre d’une goélette Orohena à voile :

Il ne s’agit pas de l’épave à priori mais d’une goélette à voile antécédente.

La goélette Orehana  à gauche sur le plan incliné permettait aux Établissements Français de l’Océanie de relier Tahiti et les îles de 1947 à 1953.

Pour vous plonger dans l’ambiance de l’époque des goélettes, vous pouvez lire ici l’histoire de la goélette Lutece et la vie de l’un de ses armateurs.

Les images de cette série vous ont plus ?
Découvrez les dans leur détail.
Édition limité à 15 exemplaires.

 

Cliquez ici pour découvrir la série de tirages d’art.

Tags recherche : #tahiti #plongee

 

Répondre à charles herfray Annuler la réponse

Votre adresse mail ne sera pas publiée .

3 Responses to “Plonger à Tahiti, site des 3 épaves : « la Goélette Orohena »”

  • je possede un film de 1965 ou l’on voit la « goelette »(ravitailleur des iles) a Mururoa .
    j’ai eu la chance de faire plusieurs fois le voyage Papeete Mururoa en passant par Hao a son bord
    je tiens ce document a votre disposition.

    • Bonjour,
      Je suis ému d’apprendre que l’Orohéna git par 25 mètres de fond à proximité du Catalina.
      J’ai eu la chance de voyager avec l’un et l’autre entre 1963 et 1965. Je faisais partie du détachement précurseur de l’Armée française composé de trois spécialistes des transmissions des Troupes de Marine. Nous avons débarqué de l’Orohéna sur Mururoa où stationnaient à l’époque un détachement de la Légion étrangère et quelques techniciens du CEA.
      Je garde un merveilleux souvenir de ce voyage de quelques jours passés à bord de cette goélette où nous prenions nos repas à la table du Commandant et de son second qui n’était autre que son fils.
      Quant au Catalina, j’ai effectué le trajet à plusieurs reprises vers Papeete où nous nous rendions assez souvent pour décompresser.
      Je relate ces évènements exceptionnels, et bien d’autres encore, dans un recueil de souvenirs que j’ai entrepris de rédiger il y a plusieurs années, au profit de mes petits-enfants. Malheureusement, je ne dispose d’aucune photo. J’avais beaucoup de films 8 m/m, mais ils m’ont été volés quelques années plus tard.